L’apogée de l’auteur : 1957-1960

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La Cendre aux yeux (roman), Gallimard, Paris,

1957, 237 p.

 

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  Le manuscrit s’appela d’abord La Bête à chagrin.

  Comme ce titre était déjà pris par Paulette Houdyer, Julliard, 1956, Jacques Lemarchand, lecteur chez Gallimard, proposa La Cendre aux yeux ou Adieu, Isabelle.

  Il s’agit du journal d’un don Juan sans envergure qui séduit une toute jeune fille et l’amène à sa perte, sans se départir de son égoïsme.

  Ce fut le premier roman de Forton à concourir pour le Goncourt et il obtint le prix Fénéon en 1959.

 

 

Édition originale Gallimard (couverture mate) :

Réédition Gallimard 1983 (couverture pelliculée) :

Texte des deux 4e de couverture :

 

  Ignoble et réjouissant, le personnage de La Cendre aux yeux ne pense 
qu’aux femmes, ne vit que pour elles, n’a d’autre souci que de les 
séduire, coûte que coûte.

  C’est un homme sans éclat, terne, mesquin, médiocre, mais qui met 
à satisfaire ses passions un extraordinaire entêtement. Cynique ou 
sincère, on ne sait. Lui-même a beau s’étudier, il ne se comprend pas, 
il ne peut que constater la complexité de son caractère, ses sautes 
d’humeur, ses paradoxales flambées de joie coupées d’inexplicables tris
tesses.

  Un beau jour il rencontre une petite fille, Isabelle. Il se met à l’aimer. Elle a seize ans, elle est douce, elle est seule. Pour la conquérir, toutes 
les ruses lui sont bonnes, toutes les « ficelles » que lui a enseignées sa 
longue carrière de séducteur. Il n’a nul souci du mal qu’il peut 
commettre. Il ignore ses responsabilités. Mais est-il responsable ? Jusqu’à quel point n’est-il pas sa propre victime ?

  On ne peut lire ce livre sans éprouver un malaise. Tant de cruauté 
inconsciente blesse le lecteur, l’atteint profondément. Il vient un moment 
où l’on souhaite que tout s’arrête, qu’Isabelle échappe à son sort. Mais 
le jeteur de cendre continue sans faiblir sa triste besogne.

  La rigueur du récit, la pureté de la langue, l’humanité des person
nages, donnent à ce roman une véritable grandeur. C’est là sans aucun doute le meilleur livre de Jean Forton.

Édition italienne chez Aldo Garzanti en 1958 : La Cenere negli occhi. Traduction de Roberto Ortolani :

 

Quelques titres indiqués sur la 4e de couverture :

 

  • Gente in aspromonte de C. Alvaro
  • I chiamati e gli eletti de M. Baldwin
  • Ritorno a casa de H. Basso
  • Alla larga dal mare de W. Brinkley
  • Barnabo delle montagne de Dino Buzzati
  • Altre voci altre stanze de T. Capote
  • L’arpa d’erba de T. Capote
  • Colazione da Tiffany de T. Capote
  • Il marchese di Roccaverdina de L. Capuana
  • Il giuoco della verità de S. De Madariaga
  • I vicerè de F. De Roberto
  • L’illusione de F. De Roberto
  • Non si vive di solo pane de V. Dudinzev
  • La paga del soldato de W. Faulkner
  • Sartoris de W. Faulkner
  • Il parco dei cervi de N. Mailer
  • Il nudo e il morto de N. Mailer
  • Pnin de V. Nabokov
  • Ragazzi di vita de P. Paolo Pasolini
  • Una vita violenta de P. Paolo Pasolini
  • Il sole nel ventre de J. Hougron
  • Morte di Frodo de J. Hougron
  • Sangue mista de J. Hougron
  • Il paese del barbaro de J. Hougron
  • Le lettere da Capri de M. Soldati
  • La confessione de M. Soldati
  • Il vero Silvestri de M. Soldati
  • I racconti de M. Soldati
  • Gita al faro de W. Woolf
Jaquette intérieure. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Jaquette intérieure.

Texte de la jaquette intérieure

 

 Il personaggio di questo romanzo non pensa che alle donne, non vive che per loro, non ha altra preoccupazione che sedurle a qualunque costo. È un uomo di mezza età, sbiadito, meschino, mediocre, ma che, nel soddisfare le proprie passioni, pone un implacabile ostinatezza. Cinico o sincero, non si sa. Egli stesso inutilmente cerca di comprendersi, ma non può far altro che constatare la complessità del proprio carattere, i balzi d’umore, le paradossali fiammate di gioia interrotte all’improvviso da inesplicabili tristezze.

  Un giorno, incontra una fanciulla, alunna in un collegio di suore, e si convince che l’ama. Isabelle ha sedici anni, è di carattere dolce, remissivo, soffre della solitudine in cui vive. Le sembra d'aver trovato l'anima gemella, che pone invece in atto tutta la sua esperienza, i suoi inganni, per sedurla senza preoccuparsi del male che può a lei derivarne. Egli non si rende conto delle proprie responsabilità ; forse non è neppure responsabile, forse è vittima di se stesso.

  Non si può leggere questo libro senza provare una cocente sensazione di malessere. Quell'incosciente crudeltà ferisce profondamente il lettore, il quale a un certo punto vorrebbe che tutto si fermasse, che Isabelle sfuggisse alla sua sorte. Ma la trista vicenda continuerà implacabilmente fino alla tragica conclusione.

  Un romanzo nuovo, allucinante, da cui sorge la paurosa figura dell'uomo che getta la cenere negli occhi. Letto il libro, ci si volge intorno e vien fatto di pensare a quante, che ci appaiono creature normali e semplici, nascondono in sè i più torbidi vizi, le più estreme crudeltà.

 

Sopracoperta di Fulvio Bianconi

 

Édition américaine en 1959 : Isabelle (titre jugé “more salable” par l’éditeur), par les éditions Criterion Books (New-York). Traduction de David Hugues :

Édition américaine de poche par Hillman avec mention du prix obtenu par Forton en 1959 (“winner of the prix Fénéon”) et comparaison du roman avec le Lolita de Nabokov :

Édition anglaise en 1960 : A wolf adventuring (inspiré de l’extrait de la fable de La Fontaine placé en exergue) par les éditions Jonathan Cape Limited (Londres) traduit par David Hugues :

Texte de la 4e de couverture :

 

  Jean Forton was born in Bordeaux, in 1930, where 
he is now a bookseller. ln 1950 he founded a small 
literary magazine La Boîte à Clous, which ran for 
thirteen issues. He is married and has two children.

  In 1951 he published a long short story entitled Le 
Terrain Vague, followed in 1954 by his first novel, La 
Fuite. Then came L’Herbe Haute in 1955, L’Oncle Leon 
in 1956, La Cendre Aux Yeux in 1957 and Le Grand 
Mal (also to be published by Cape) in 1959. La Cendre 
Aux Yeux was awarded the Prix Fénéon in 1959. Jean Forton has also written a book for children : Cantemerle, 1957.

Édition anglaise de poche par Penguin books en 1966 

Réédition en 2009 par Le Dilettante, Paris, postface de Catherine Rabier-Darnaudet :

 

 

Édition allemande en 2011 par Graf Verlag, Munich, traduction de Grete Osterwald :

 

 

Édition espagnole en 2012 par Blackie Books, Barcelone, traduction de Palmira Feixas, illustration de Emiliano Ponzi :

Texte de la 4e de couverture :

 

  Jean Forton (Burdeos, 1930-1982) nació veterano, murió joven y pudo haber sido famoso, pero eso ya no pasó. Nunca fue sobrevalorado, y la industrua de los premios que antes lo había encumbrado acabó desechándolo, olvidándolo. Dejó de escribir, o empezó a hacerlo en secreto, se convirtió en un librero misántropo y dedicó los días que le quedaban a vender códigos civiles a estudiantes universitarios. Mejor eso que suscribir el gusto literario oficial de la época. Ceniza en los ojos (1957) es, según la opinión popular, su mejor novela. Y también la más contemporánea. Quizá por su desencanto y su pesimismo, por el humor despiadado, porque Forton parece estar de vuelta de todo. La historia se resume con facilidad : un hombre mayor seduce a una jovencita con alevosía, y por ello la han calificado, sin razón, de antilolita. Al igual que la novela de Nabokov, Ceniza en los ojos acaba mal, pero es la prosa casi forense y transparente del autor, que se confunde con el diario de este Don Juan de tercera, "mediocre, más bien feo y perezoso", sin talento ni ideales, la que sorprende, como ejercicio de estilo a la inversa, por su modo personalísimo de dar cuenta de una historia tan universal y banal. Aunque no por ello sea menos trágica : del monólogo interior a la palabra, transitiva, que mata, hay un paso. De allí a ser el propio castigo, poco más.

Chers internautes, je fais appel à votre contribution pour la traduction des textes allemand et espagnol. Merci.

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Cantemerle (roman pour la jeunesse), Gallimard, Paris, 1957, 206 p. 

 

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  Dans une vieille demeure entourée d’un immense parc, trois enfants en vacances vivent une série d’aventures et mènent une enquête sur de mystérieux voisins qui se livrent à un trafic douteux.

Texte de la 4e de couverture :

 

  Un garçon de 10 ans, sa sœur Luce, 
9 ans, et leur cousin Frédéric, 13 ans, 
passent leurs vacances dans une vieille 
maison entourée d’un grand parc sau
vage : Cantemerle.

 De toutes les aventures où l’infatigable 
trio s’embarque (assèchement d’un lavoir, 
descente dans un puits, braconnage noc
turne, etc.), l’une des plus passionnantes 
est l’enquête sur les frères Broca, pro
priétaires du château de Malengin. Qui 
sont ces deux personnages mystérieux, 
installés dans le pays depuis peu, et que 
leurs propres ouvriers ne voient jamais 
le jour ? Que contiennent les camions 
qui, chaque nuit, réveillent Marie-Rose, 
la petite vachère amie de nos héros, dans 
la cour du château ? Frédéric, Luce et son frère ne recule
ront devant aucune audace pour percer 
à jour, au cours de péripéties palpitantes, 
le « mystère de Malengin ».

 

 

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Le Grand Mal (roman), Gallimard, Paris, 1959, 297 p.

 

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  Le manuscrit s’est d’abord appelé Le Haut Mal puis Le Vert Paradis.

  Envoyé à Gallimard sous le titre de Rue Porte Vieille, il fut finalement débaptisé sur les conseils de Jacques Lemarchand à cause d’un autre roman publié chez Gallimard : Rue des Vivants, écrit par un autre auteur bordelais.

 

  Dans un Bordeaux facilement reconnaissable bien que jamais nommé, Forton met en scène des lycéens dont il nous fait partager la vie et les émois. L’enlèvement de plusieurs petites filles alimente un fond d’intrigue policière.

 

Le Grand Mal obtint le Grand Prix de littérature de la ville de Bordeaux en 1970.

Texte de la 4e de couverture :

 

  L’auteur de La Fuite, de L’Herbe haute et de 
La Cendre aux yeux, pour laquelle il vient d’obtenir 
le Prix Fénéon, nous donne avec ce nouveau 
roman une œuvre ambiguë, une sorte de poème 
à l’enfance. D’un foisonnement et d’une richesse peu 
communs chez un auteur de vingt-neuf ans, 
le livre se présente à la façon d’une fugue : 
variations simultanées sur le thème du grand mal, 
thème jamais clairement défini, mais peut-être 
symbolisé par l’anecdote originelle : la disparition 
de quatre ou cinq petites filles au cœur même 
de la Porte-Vieille, venelle étroite où vivent en 
champ clos de curieux personnages. Car seuls les enfants le savent : l’enfance est 
trouble. Ledru lui-même, héros en herbe du 
Grand Mal, s’étonne que les miroirs ne trahissent 
point les forces obscures qui l’habitent, mais au 
contraire s’obstinent à refléter son innocent visage. Lucidement il se juge : rien de beau. Et le 
monde autour de lui n’est que violence et drame. Qu’on se méfie pourtant : cette condamnation 
n’est pas absolue. Sous l’humour inhérent à toute 
cruauté consciente perce un espoir.

Le Grand Mal publié dans la NRF en 3 livraisons

(avril, mai et juin 1959) :

Édition anglaise et américaine en 1961 : The Harm is done par les éditions Jonathan Cape Limited (Londres) et les éditions Criterion Books (New-York):

  La prière d’insérer de l’édition américaine souligne la subtile compréhension de l’enfance de J. Forton et la compare à celle de Cocteau dans Les Enfants terribles.

Édition anglaise de poche en 1964 par les éditions Panther Book avec comme sous-titre : “a frightening novel of corrupt innocence”. Traduit par Ann-Yvette et Alan Stewart :

 

 

Texte de la 4e de couverture :

 

The Harm is Done

 

  In a small French town a group of children on the threshold of adolescence, grope their way into the adult world of love and sex. From their parents and teachers, engrossed in their own passions, they receive only reproof, until infected by the sinister atmosphere around them the children provoke a terrifying catastrophe.

  « The children, whose parents think them innocent, have dark souls and. complicated lives. Their sexual precocity is appalling. » The Times Weekly

  « Three near-adolescent horrors... pursue their nasty private occupations... petty theft, domestic blackmail and prurient angling after girls. » Daily Telegraph

 

 

 En 1960, il y eut aussi une édition italienne chez Garzanti, ainsi que le projet d’une édition allemande par les éditions Rütten et Loening.

 

 

Réédition par L'Éveilleur en 2018 :

 

 

 

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L’Épingle du jeu (roman), Gallimard, Paris,

1960, 290 p.

 

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  Le manuscrit s’appelait Les Petits soldats mais fut présenté à Gallimard sous le titre de La Novillada, corrida opposant de jeunes taureaux (novillos) à de jeunes toreros. Or ce titre fut jugé trop peu compréhensible par Gaston Gallimard.

  Dans un collège jésuite sous l’Occupation, de jeunes garçons victimes de maîtres injustes et sadiques, se prennent d’admiration pour un Préfet des études cruel et fascinant, qui les entraînera dans une entreprise mortelle dont il tirera toute la gloire.

 

  Parti grand favori pour le Goncourt 1960, le roman fut victime d’une véritable cabale orchestrée par André Billy, ancien élève des jésuites et membre influent du jury Goncourt de l’époque, et à laquelle participa François Mauriac.

Texte de la 4e de couverture :

 

  Tandis qu’en cet hiver 1944 la guerre s’enfonce dans l’horreur, quelques jeunes gens cherchent un sens à la vie. Ils croient le trouver dans cette liberté même qui leur est refusée et se réfugient 
dans une révolte permanente.

  Un homme pourrait les sauver, le Préfet des Études, personnage ambigu, matamore et despote, mais doué d’un pouvoir de séduction peu commun. Il leur parle d’héroïsme et de vertu...

  Un livre irrespectueux, un livre de colère et de passion.

Édition anglaise en 1963 : The better part of valour par les éditions Jonathan Cape Limited (Londres) traduit par Ann-Yvette et Alan Stewart :

Réédition par Gallimard, dans la collection "L’Imaginaire", en 2001 :

Texte de la 4e de couverture :

 

  Tandis qu’en cet hiver 1944 la guerre s’enfonce dans l’horreur, quelques jeunes gens cherchent un sens à la vie. Ils croient le trouver dans cette liberté même qui leur est refusée et se réfugient 
dans une révolte permanente.

  Un homme pourrait les sauver, le Préfet des Études, personnage ambigu, matamore et despote, mais doué d’un pouvoir de séduction peu commun. Il leur parle d’héroïsme et de vertu...

  Un livre irrespectueux, un livre de colère et de passion.