L’Herbe haute, 1955

  Forton a 25 ans lorsqu’il publie L’Herbe haute, qualifié de roman paysan par la plupart des critiques :

 

  « les paysans, les villageois de Jean Forton me touchent et me retiennent (...) ils sont paysans à la dose convenable. » (Jean Mogin, Le Soir de Bruxelles, 16/11/1955)

 

  Pour La Tribune de Genève, ce « vigoureux roman de mœurs paysannes » est « une peinture délicate des incertitudes sentimentales et des curiosités sensuelles de l’adolescence. » (16/11/1955)

 

  En s’illustrant dans cette nouvelle veine romanesque, le jeune auteur remporte également, en 1956, son premier prix littéraire : le Prix de la Littérature Pyrénéenne.

 

  « Le benjamin des lettres bordelaises » mérite son prix

« tant par son style dur et dense que par son souci de l’intrigue bien construite » (Chronique de Roger Galy au Rendez-vous du samedi, 27/10/1956)

 

  Le changement de ton surprit certains critiques qui lui reprochèrent son « naturalisme brutal [...] Après nous avoir trop fait penser à Alain-Fournier, voici qu’il nous oblige à songer à Zola, mais à un Zola pour qui le royaume de la poésie ne serait pas terre interdite [...] Je voudrais convaincre M. Jean Forton que les lecteurs seront bientôt las et écœurés d’un érotisme qui n’est qu’une tentation de facilité. » (L’Indépendant du Sud-Ouest, 1er au 15/01/1956)

 

Mais le rêve est toujours au rendez-vous :

 

  « On finit de lire le roman de Forton comme on émerge d’un rêve, car ce roman comme le rêve échappe à la logique et à l’ordre du temps, laissant des impressions fortes, indétachables, comme les impressions oniriques. » (Ph. Viaud, Actualités du Sud-Ouest, déc. 1955)

 

  « “La vie est un songe”... Tel pourrait être facilement le sous-titre de L’Herbe haute. [...] Jean Forton crée une nouvelle qualité de sourire qui n’a sans doute pas fini de nous surprendre et de nous retenir. » (« Jean Forton romancier ambigu », Cl-H. Rocquet, Notre Bordeaux, 17/12/1955)

 

Laissons parler l’auteur :

 

  « Le thème du livre ? Des hommes, des femmes dévorés par le rêve, un rêve qui leur fait perdre tout contact avec la vie réelle et les entraîne à commettre des actes qu’ils n’ont pas désirés, dont la portée leur échappe. [...]

  Et vous ne me croirez peut-être pas, mais à chacune de mes questions, on me répondait que tel et tel personnages étaient devenus ce que je dis dans mon livre. Ce qui vous semblera peut-être incroyable, ou simplement exagéré, dans les dénouements de L’Herbe haute, n’est que l’exact récit de la vérité. [...]

  La Fuite était trop linéaire, à mon goût. C’était l’histoire d’un homme seul, et qui reste seul jusqu’au bout. Tous ceux qui gravitaient autour de lui n’étaient que fantoches et objets dont il ne savait rien tirer. Tandis que L’Herbe haute, au lieu d’une seule ligne bien droite et bien nette, comme La Fuite, est composée de lignes multiples, qui s’entrecroisent et agissent les unes sur les autres. »

 

On a parlé de la ressemblance de La Fuite avec Le Grand Meaulnes :

 

  « Le climat érotique et le langage de L’Herbe haute s’éloignent résolument de ce ton poétique. »

 

(« Rencontre avec... Jean Forton » par Cl. H. Rocquet, Notre Bordeaux 19/11/1955)